L’argent n’est pas le nerf de la guerre (« I danari non sono il nervo della guerra ») est l’une des propositions les plus novatrices et les plus controversées de la pensée politique de Machiavel. Devant elle, nombre de présentations de ce grand penseur nous mettent en présence d’un illuminé développant des thèses extravagantes. Elle prouverait son insensibilité à la causalité économique et, par conséquent, la faiblesse de ses instruments d’analyse et de sa portée théorique. Jérémie Barthas en reprend l’examen historique et critique. En se fondant aussi sur des documents des archives de Florence, il met en évidence l’importance du système financier pour comprendre non seulement cette proposition mais encore l’histoire politique de la république florentine du Grand Conseil (1494-1512) et le rôle qu’y joua le secrétaire florentin, notamment en établissant la conscription. Il en ressort une interprétation renouvelée de la pensée politique de Machiavel et de son contexte historique de production, ainsi que de la réception de sa pensée. Ce livre participe de la sorte d’un questionnement plus général sur les liens entre spéculation et volonté politique, instabilité financière et institutions républicaines, dette publique et État moderne, genèse de l’économie politique et de sa critique.