Si la négociation est un art de la parole, la parole des négociateurs a peu intéressé jusqu’à présent les historiens de la diplomatie. Fruit d’un séminaire international, ce volume vise à combler à travers dix-huit études de cas cette étonnante lacune. L’entretien diplomatique y est constitué en objet d’enquête à part entière, et l’ambition commune des auteurs est de saisir, à partir d’un questionnaire partagé, les voies, les formes et la dynamique de cette pratique du XVe au XIXe siècle, en Europe et en dehors de ce continent, dans une grande variété de contextes marqués par des conflits politiques, des différends commerciaux, des fractures confessionnelles, des différences de genre ou des situations d’interculturalité. Ainsi se construit par touches successives une histoire inédite de la négociation, qui met en évidence les contours d’un usage du verbe certes universel, mais aussi multiforme, l’inscrit en ses contextes, révèle enfin ce qu’il comporte toujours de tensions entre égalité et inégalité, d’hésitations entre conflit et communication, ou encore de heurts entre manières de dire et manières de faire souvent peu conciliables. À travers ces apports, Paroles de négociateurs prend place dans le renouveau actuel des études sur l’histoire de la diplomatie et, plus généralement, de la négociation. Cet ouvrage invite aussi à une lecture renouvelée des documents diplomatiques, attentive à la façon dont se joue, à l’intérieur de ces écrits, le difficile rapport entre la parole vive et les stratagèmes du récit.