Comment Florence la guelfe, cité industrieuse et commerciale, peut-elle résoudre son problème portuaire en bénéficiant des infrastructures et de la flotte de Pise la gibeline au XIVe siècle ? Dépassant le campanilisme historiographique, cet ouvrage interroge les relations, tour à tour houleuses et cordiales, entre deux villes ennemies sur le plan politique mais aux économies complémentaires. Ne se contentant pas d’une histoire centrée sur les marchands et les compagnies commerciales, ce livre examine le rôle crucial des institutions – en particulier de la nation et des tribunaux marchands – dans la régulation et le dynamisme de l’économie florentine. Les nations marchandes restent mal connues dans le cas florentin. Or, le cas de Pise révèle plusieurs originalités : la certification de la citoyenneté, une direction bicéphale, une loggia dans le palais-même du seigneur. De plus, la connaissance fine des finances de la nation, qui permet de reconstituer le trafic florentin, prouve que la sécurisation des échanges importe davantage que la réduction des coûts. Cette nation est ainsi le prolongement à l’étranger du tribunal de la Mercanzia florentine, amenée à gérer les conflits sur les douanes, les faillites, les représailles et à aplanir les conflits par la voie judiciaire.
Cédric Quertier a été élève de l’ENS de Lyon, membre de l’École française de Rome et research fellow à la Villa i Tatti. Chargé de recherches au CNRS affecté au LAMOP (UMR 8589), il travaille sur la régulation de l’économie des villes de la fin du Moyen Âge, les communautés marchandes et les migrations.