Parmi les notions que l’Antiquité nous a léguées, sacer compte parmi les plus complexes. Attestée dans les sources romaines les plus anciennes, on la trouve aussi chez d’autres peuples de la péninsule italienne avant qu’elle ne soit réinvestie de dimensions nouvelles sous l’Empire, puis sous l’Empire chrétien. En dépit de nombreuses études couvrant presque tous les champs du savoir, il s’en faut que notre compréhension de cette notion soit bien établie à l’échelle de l’Italie antique, d’autant que malgré les tentatives qui en ont montré l’inanité, la vieille théorie de l’ambiguïté du sacré et de son rapport au tabou continue d’exercer son influence. Cet ouvrage rouvre donc le débat sur les significations de cette notion, en recourant à un comparatisme précis qui insère les termes et les inscriptions dans leur contexte historique et archéologique. À côté du monde romain pour lequel de nombreuses sources concourent à éclairer la notion de sacer, ce volume rend leur place aux peuples de l’Italie antique. En excluant le point de vue anachronique chrétien et toute conception universelle du « sacré », ce sont les multiples usages de sacer, ainsi que les divergences et convergences éventuelles d’un peuple à l’autre, qui forment le cœur de ces enquêtes au croisement de l’anthropologie, de l’histoire, de la linguistique et de l’archéologie.
Ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon, agrégé d’histoire, ancien membre de l’École française de Rome, Thibaud Lanfranchi est maître de conférences en histoire romaine à l’Université Toulouse-Jean Jaurès.