Si l'histoire de la Méditerranée présente une unité et une continuité indéniables, c’est en grande partie au mouvement des hommes qu’elle les doit. Un mouvement jamais interrompu à aucune période de l’histoire, comme le prouve encore ce volume d’actes. Cette enquête précise concerne les modalités de contrôle et de surveillance des personnes en déplacement, ainsi que les moyens dont disposaient ces personnes pour prouver leur identité. À quelles conditions (politiques, économiques, sociales) fut-il possible, jusqu'au XVIIIe siècle, c'est-à-dire avant la constitution des États-Nations, d’établir ou de préserver la liberté de circulation des personnes et selon quels principes ? De quelle culture, de quelles logiques relève sa mise en œuvre ou, au contraire, sa limitation ? Quelle identité était sollicitée, quelles catégories élaborées pour encadrer les migrants ? Cette enquête à la fois procédurale et documentaire, dont nous proposons ici les deux premiers volets (le passage des frontières et la mobilité négociée), permet d'éclairer les rapports entre souveraineté et territoire, la définition de l'identité administrative et le débat politique sur la place de l'étranger dans la cité, donc sur la nature du lien social. Qu’on veuille bien y voir aussi la tentative de comprendre, dans la longue durée, l’influence de la mobilité humaine sur l’évolution des procédures, sur la construction de catégories et sur la relation de l’homme à l’espace, bref les effets du mouvement en histoire.