Sous des appellations diverses, l’Europe du haut Moyen Âge a décliné un système de transactions matrimoniales accordant une place prépondérante aux apports de l’époux. Jusqu’au XIIe siècle, dos, dotalicium, sponsalicium, morgengab, meta, meffio, justitia, yrfe, decimum, quarta, wynebwerth etc. occupent le devant de la scène documentaire, reléguant à l’arrière-plan la dot « directe » de l’épousée (dos, faderfio, aixovar) qui, sans disparaître, ne paraît plus essentielle au mariage ; surtout, il ne semble plus exister de rapport obligé et quantifié entre dot directe et dot indirecte. À travers une revue de l’Europe chrétienne (Italie, Catalogne, France, Allemagne, Angleterre), au plus près des sources et de leur vocabulaire, le présent ouvrage offre un nouvel éclairage de ce moment particulier dans l’histoire des transferts patrimoniaux liés au mariage. La nature des biens (meubles, immeubles, quotité foncière), leur origine, leur fonction à l’intérieur du couple, leur place dans la dévolution des patrimoines sont tour à tour analysées, pour une meilleure compréhension de l’institution, des normes qui la régissent et de la pratique qui la fait vivre. L’aristocratie haute et moyenne, à commencer par le couple royal, est au cœur de l’enquête, mais celle-ci ne s’interdit pas des incursions dans la société rurale là où la documentation le permet. Du destin individuel aux stratégies des groupes familiaux, des cadeaux à l’aimée aux contrats âprement négociés revivent les alliances et sont recomposés les circuits patrimoniaux sur lesquelles elles se fondent.