Cet ouvrage s’intéresse à la réaction pontificale face à la progression des Turcs ottomans. Il retrace la construction de deux stratégies à la fois contraires et complémentaires. D’un côté, la papauté se montre capable de réinventer la croisade, d’adapter aux conditions stratégiques, militaires, politiques et économiques de son époque les éléments des expéditions vers Jérusalem des siècles précédents. Elle redéfinit le rôle de chacun dans cette guerre et affirme par la même occasion sa propre position à une époque où se multiplient les contestations du pouvoir pontifical. Mais pour faire face à ces mêmes oppositions, les papes adoptent une stratégie inverse. Ils minimisent ces nouveautés, inscrivent leurs actions dans la tradition, insistent sur la similitude des situations et des réponses. La croisade qu’ils inventent alors n’est plus une réalité en perpétuel renouvellement ; c’est un discours immuable, une idée qui traverse les siècles et sert avant tout à justifier une action présente en la rattachant à un passé plus ou moins réinventé.