Historien du droit romain, Yan Thomas fut un penseur inclassable. Ses recherches érudites et novatrices n’ont pas cessé d’interpeller les sciences sociales qui y ont trouvé les ressources pour repenser les objets et les catégories à travers les montages institutionnels caractéristiques de la culture juridique occidentale. Ce volume recueille les actes d’un colloque international qui a eu lieu à Paris (EHESS) du 25 au 27 mars 2010, à l’occasion duquel historiens, juristes, sociologues, anthropologues et philosophes ont illustré la fécondité d’une oeuvre qui a su combiner comme aucune autre inventivité et rigueur. Divisé en quatre parties, l’ouvrage reconstruit l’itinéraire intellectuel d’un «romaniste» qui, explorant le Digeste mais aussi d’autres corpus anciens et modernes, a été capable de valoriser la culture juridique de Rome pour recomposer des pans fondamentaux de l’anthropologie occidentale. Le droit privé comme le droit public sont interrogés pour dénicher les artifices à la base de notions telles que personne, chose, cité, nature, vie, toutes délimitées par deux pierres angulaires : la fiction et le cas. Un fil rouge parcourt ainsi les contributions ici réunies : penser avec Yan Thomas signifie relever le défi de suivre jusqu’au bout la volonté de réduire à zéro la distance qui sépare l’origine des faits sociaux de leur institution juridique.
Directeur d’études à l’EHESS, Paolo Napoli y enseigne l’Histoire des catégories et des pratiques normatives. Il dirige actuellement le Centre d’études des normes juridiques «Yan Thomas».