Admettons d’appeler politique un procès qui réunit un État persécuteur, des magistrats serviles ou partisans, des culpabilités incertaines et des condamnations pour l’exemple ; ce sont là des figures éternelles de la comédie humaine. En fait, les motivations de tels procès, leurs formes, leur fréquence, leurs images dans l’opinion varient au cours des temps et des lieux, s’actualisent dans des moments d’histoire. Si l’on peut reconnaître du XIV° au XVII° siècle une étape de croissance des institutions étatiques, on se doit d’identifier ses accompagnements judiciaires, avec leurs applications spectaculaires et leurs justifications, héritées de l’antiquité ou inventées dans l’instant. Les chronologies, les procédures sont diverses à travers les souverainetés de l’Europe de ces époques, mais les types d’événements et les évolutions se ressemblent. Les grands procès demeurés célèbres, où le pouvoir et ses juges hésitent entre leur fonction politique et leur vocation d’équité, ne sont pas seulement des récit dramatiques, ils s’intègrent dans des mouvements plus longs et des genres plus communs. Le colloque tenu à Rome en 2003 s’ouvre nécessairement sur de multiples horizons historiques. Il veut offrir aux spécialistes des idées politiques, aux connaisseurs des avatars des institutions et du droit et, généralement, à tous les historiens étudiant les dynamiques des siècles médiévaux et modernes une très vaste moisson de faits. Leur lecture jettera peut être quelque clarté sur de longues tendances répétitives ou sur des originalités des institutions dans l’espace politique occidental.