« Notre lieu est le monde » déclarait Jérôme Nadal, l’un des premiers compagnons d’Ignace de Loyola, visiteur des collèges jésuites d’Espagne, pépinières d’évangélisateurs pour les « Indes d’ici » et les « Indes de là-bas ». Il ne réduisait pas le monde à « notre lieu », mais étendait au contraire celui-ci jusqu’aux limites du monde. Le recueil d’études rassemblé ici par le Groupe de recherches sur les missions ibériques modernes (École des hautes études en sciences sociales) s’efforce de prendre la mesure des effets de cette extension sur les institutions religieuses européennes, neuves ou réformées aux XVIe et XVIIe siècles : comment conçoivent-elles la formation de leurs membres, et l’accomplissement de leur vocation, dans ces horizons imprévisibles ? Comment vivent-elles leurs relations, entre elles et avec le pouvoir conquérant des empires en formation ? Comment voient-elles et redécouvrent-elles les anciens mondes, avec un œil dilaté à l’échelle d’une humanité planétaire ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles les nouvelles enquêtes lancées par une histoire sociale, politique et culturelle du christianisme moderne permettent de répondre : ce volume voudrait en témoigner.