Dans les années 1380, une chronique napolitaine célébrait ainsi la mémoire de Charles de Calabre († 1328), fils du roi Robert de Sicile (1309-1343). Elle le montrait se souciant même des animaux, à savoir d’un vieux destrier abandonné par un maître inique. L’anecdote révèle mieux qu’un discours l’enjeu de la justice pour la première dynastie angevine de Provence-Sicile (1246-1435). La question dépassait les préoccupations communes aux États de la fin du Moyen Âge. Les Angevins connaissaient un besoin particulier de s’affirmer par la justice, pour encadrer et pour convaincre. Étrangers sur leurs terres, ils subissaient des revers aussi graves que les Vêpres (1282) ou affrontaient des réalités sociales difficiles. Mais ils étaient également mus par de grandes ambitions et une puissante idéologie, alimentées par la tradition capétienne, leur position dans la chrétienté sous le pape et les doctrines des savants de Naples. Les contributions ici réunies proposent le premier panorama cohérent sur la justice dans les domaines angevins. Elles invitent aux confrontations entre prétentions et faits, souverain et pouvoirs concurrents, communautés ou seigneurs laïques et ecclésiastiques. Elles embrassent tout l’espace angevin, de la France occidentale à la Hongrie. Ce volume est le quatrième volet de la série de rencontres scientifiques consacrées à l’histoire de l’État angevin au Moyen Âge.