Cet ouvrage, situé à la croisée de l’histoire des images et de l’histoire religieuse, est fondé sur la constitution d’une série longue, allant de 1250 à 1450, et couvrant les régions centrales de la péninsule italienne, des scènes peintes, à fresque et sur retable, représentant la Nativité du Christ. La série est traitée aussi bien pour les possibilités quantitatives qu’elle offre que pour les études de cas ou de groupes d’images qu’elle permet d’identifier. La thèse de l’ouvrage est que le principal moteur de transformation de l’iconographie de cette scène théophanique, centrale dans la christologie médiévale, réside dans le motif de l’adoration, la représentation d’une ou plusieurs figures agenouillées, priant et adorant l’Enfant nouveau-né. L’apparition et le développement de ce motif sont ancrés dans un contexte large qui permet d’appréhender les évolutions spirituelles, esthétiques et sociales du rapport aux images. L’apport de l’ouvrage est double, d’une part il constitue la première histoire iconographique de la Nativité du Christ rigoureusement fondée sur les apports épistémologiques les plus récents dans le champ des études visuelles, d’autre part, le motif du ou des adorateurs dans la composition picturale constitue un observatoire privilégié du rôle actif des images dans la culture et les pratiques dévotionnelles à la charnière du Moyen Âge et de la Renaissance. Analysées comme rouages, mais également comme miroirs de telles pratiques, ces images s’avèrent des sources visuelles aussi complexes que riches pour la recherche historique, et cet ouvrage voudrait être une démonstration de leur fort potentiel heuristique.
Giulia Puma est maître de conférences en histoire de l’art, histoire des images et culture visuelle du Moyen Âge à l’Université Côte d’Azur (Nice – CEPAM, UMR 7264).